Milton et nous


A l’heure où paraît mon nouveau livre[1], je veux vous parler d’un thérapeute hors du commun. Il s’agit de Milton Erickson. Ce psychiatre américain, à l’origine de ce que l’on appelle les thérapies brèves, est le type même du “guérisseur blessé“, expérimentant sur lui-même avant tout, les techniques qu’il développe et utilise ensuite avec ses patients. Les hypnothérapeutes d’aujourd’hui dits “éricksoniens“ se réclament de son héritage. Il a sans doute exploré l’hypnose de toutes les manières possibles, basant son approche, novatrice, sur sa propre expérience, et sa conviction que chaque personne possède en elle-même toutes les ressources nécessaires à sa guérison, à son évolution, au changement qu’elle souhaite. Il faisait avant tout confiance aux capacités de ses patients.Il faut dire qu’en matière de difficultés, il avait eu son compte : il a été un enfant, un adolescent et un adulte handicapé par des déficiences physiques. Dyslexique, daltonien, amusique, très gravement poliomyélitique à l’âge de dix-sept ans, il a surmonté, dépassé, vaincu ces difficultés en pratiquant seul et intuitivement une forme d’autostimulation, des exercices pour notamment réapprendre à marcher. 

Alors qu’il était complètement paralysé par la polio, en se remémorant comment il grimpait aux arbres avant d’être terrassé par la maladie, il avait involontairement fait bouger le rocking-chair dans lequel on l’avait oublié. Son souvenir avait été si intensément précis que son corps s’était mis en mouvement. Il a alors compris comment utiliser ses sens pour reproduire à l’envi ce phénomène. Durant ses longs mois de convalescence, il a eu également tout loisir d’observer son entourage et d’apprendre à « lire » le langage non-verbal d’une personne. Il en a développé un sens très aigu de l’observation, ce qui lui permit par la suite de s’adapter très subtilement à ses interlocuteurs et notamment ses patients. Son handicap l’avait amené aussi à demander de l’aide à d’autres personnes pour accomplir des gestes qu’il ne pouvait faire seul. Comme il était assez réservé, il s’arrangeait pour ne pas avoir à demander directement. Par son comportement, son attitude, son adaptation, il a développé une manière indirecte de susciter des réactions chez l’autre. Ces principes ont été au cœur de sa pratique thérapeutique. Je dois bien dire que son histoire me touche, son talent me rend admiratif, la bienveillance dont il faisait preuve est une ligne de conduite que j’ai fait mienne, et il représente pour moi un modèle à suivre. Je n’ai pas le culte de la personnalité, il avait sans aucun doute ses travers, ses défauts, des manies, comme tout le monde, ainsi qu’en témoignent ses proches dans un formidable film documentaire “The Wizard of the Desert“[2], mais il est un inspirateur majeur pour les thérapeutes modernes.

Une de ses citations, fondatrice, est celle-ci : “Un problème n’est pas un problème, c’est seulement la meilleure solution que vous avez trouvée jusqu’à maintenant…“

[1] Autohypnose pour tous, Editions L’Originel, 2016

[2]The Wizard of the Desert, film d’Alexander Vesely ; http://wizardofthedesertfilm.com/


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