Article publié en mars 2015 sur hypnoblog, le blog d'un hypnothérapeute
Récemment, une amie me racontait un événement dont elle est assez fière, un cadeau qu’elle s’est offert, celui d’une audace somme toute assez simple dans l’idée, et malgré tout peu commune : inviter, à sa table de restaurant où elle déjeunait seule, une autre personne, inconnue, seule aussi, pour le simple plaisir du partage et de la convivialité. S’en est suivi une conversation agréable et une jolie rencontre. Le cadeau le plus marquant est surtout celui de l’observation de soi dans les tergiversations mentales, et l’amusement des tractations entre l’envie et les freins, les doutes, la morale... Et enfin, la question : Que ferais-tu, si tu n’avais pas peur ?
Un effet en entrainant un autre… Hier soir, devant le cinéma, la caisse donne directement sur le trottoir. Apparemment, la personne derrière le guichet rencontre des problèmes d’appareil de paiement… L’attente se prolonge, et au moment où j’arrive à pied, des personnes dans la file d’attente patientent… sur la route. Que s’est-il passé avant mon arrivée, je l’ignore ? Mais sans doute, une personne a dû se placer tout au bord du trottoir, et la personne suivante, pour prendre son tour, s’est positionnée derrière, juste en bas du trottoir. Probablement, d’autres personnes arrivées ensuite n’ont pas osé remettre en cause cet ordonnancement, et l’ont poursuivi… jusqu’à prolonger la file au milieu de l’asphalte d’une rue passante avec parking, créant, on peut l'imaginer un danger pour les piétons et une gène de circulation.
Cette pensée m’est revenue : Que ferais-tu si tu n’avais pas peur ? Eh, bien, je prendrai la parole, parce que je n’ai nulle envie de faire la queue en plein milieu de la rue ! J’ai donc invité, avec un grand sourire, d’une voix forte pour me faire bien entendre, la trentaine de personnes présentes à revenir s’aligner en sécurité sur le trottoir. Le plus amusant pour moi fut d’observer les réactions silencieuses, les hésitations devant cet incongru qui dirige sans qu’on ne lui ai rien demandé, puis l’éclair de bon sens qui s’allume dans les regards, et pour certains, sans doute, la frustration de n’y avoir pas pensé avant. Ou bien même encore, celle d’y avoir pensé, mais de n’avoir pas osé… Puis, le mouvement des premières personnes à décider que ma demande est assez judicieuse, puis tous les autres, se déplaçant finalement pour revenir sur le trottoir. L’attente a donc pu se poursuivre confortablement pour tout le monde.
Une anecdote simple, et révélatrice des freins que tous (moi y compris, mais de moins en moins !) nous nous imposons en créant des peurs à l’intérieur de nous-même. Je crois qu’accepter ses peurs… et agir quand même, est une manière de gagner en liberté.